Sam Cooke
Sam Cooke
Sam Cooke est un auteur, compositeur et interprète soul américain. Sa carrière, au summum au début des années 1960 et qui fut brutalement interrompue par sa mort, a fait du chanteur le père spirituel du genre.
Sam Cooke, né à Clarksdale dans l'État du Mississipi en 1931, est l'un des huit enfants d’Annie Mae et Charles Cooke, son père est pasteur baptiste. Alors qu'il est encore tout petit, la famille part s'installer à Chicago en 1933. Dès son plus jeune âge, Sam témoigne d'un goût et d'un talent certains pour le chant, évidemment confiné au genre religieux (la grande influence paternelle aidant). Il fait un temps partie, avec trois de ses frères et soeurs, d'un groupe judicieusement baptisé The Singing Children ; par la suite, adolescent, le jeune Sam rejoint les Highway QC's, groupe gospel local. C'est bien parce qu'il y fait une forte impression qu'on lui propose, à l'âge de 19 ans (1950), de joindre la formation réputée des Soul Stirrers.
Le chanteur, qui a ajouté un "e" à son nom de scène, explose. Gagnant en maturité et en confiance au sein du groupe, il devient une star aux yeux de la communauté noire américaine. Cooke, pourtant, voit au delà de la sphère communautaire: ses premiers contacts avec l'industrie du disque et le succès du groupe lui ont donné l'envie de conquérir un public plus large encore. Ses aspirations sont pourtant incompatibles avec les normes de l'époque ; non seulement Sam est noir, mais il est surtout hors de question de s'émanciper du gospel et de la relation à Dieu qu'il entretient en tant que membre de la très croyante communauté afro-américaine. C'est donc sous le pseudonyme de Dale Cooke qu'il enregistre ''Lovable'' son premier simple solo, en 1956. La supercherie est vite démasquée, et le ton "pop" du titre fait scandale. Art Rupe, le puissant producteur à la tête de 'Specialty Records (le label des Soul Stirrers), n'est pourtant pas hostile par principe à une carrière en solo de Cooke (en qui il pouvait sentir un nouveau Little Richard) ; l'ambition du jeune chanteur et les divergences d'envies finissent par avoir raison de leur relation. Sam Cooke quitte le groupe et son label.
Le label Keen signe le jeune chanteur début 1957. L'affaire se révèle très vite bonne: Sam Cooke enregistre, sous son véritable nom cette fois, ''You Send Me''. Le titre, figurant sur la Face B de son premier simple chez Keen (le label ayant mis en avant, par sécurité, sa reprise de Summertime), rencontre un succès fabuleux. Six semaines passées en tête des ventes R&B et, fait rare pour l'époque, plus grande des ventes Pop pour 3 semaines amènent Cooke à sortir, début 1958, son premier album, éponyme. Durant les deux années qu'il passe chez Keen, Cooke commercialise 4 albums sur lesquels figurent nombre de ses oeuvres les plus marquantes. ''You Send Me'', évidemment, mais aussi ''Wonderful World'', ''Only Sixteen'', ''For Sentimental Reasons'', ''Crazy She Calls Me...'', l'artiste, excellant dans l'écriture et l'interprétation des ballades, adopte une douceur dans le style dont il ne s'émancipera que rarement par la suite.
En 1960, gêné par les marges que lui impose Keen et alors que se multiplient les propositions alternatives, Cooke signe chez RCA Records. Ses premiers albums témoignent de la particularité d'un chanteur tiraillé entre ses origines artistiques (gospel) et ses ambitieuses aspirations (pop). Il adopte un style musical bâtard, sorte de R&B mâtiné de mélancolie (''My Kind of Blues'', 1961) qu'il émaille pourtant parfois d'une énergie qui lui offre plusieurs tubes : ''Chain Gang'', ''Twistin' the Night Away'', et surtout ''Bring It on Home to Me''. L'année 1963 fait ainsi figure de rupture. Il enregistre cette année là son 7ème album pour RCA, Night Beat. L'oeuvre surprend par son traitement instrumental, minimaliste, Cooke ayant décidé de mettre pour la première fois sa voix en avant. Le résultat est d'une efficacité frappante, la force émotive du blues désormais bien connu du chanteur étant sublimée par la puissance de son interprétation. Peu après il enregistre un live d'un concert à Miami ; accompagné par King Curtis et son groupe, le chanteur, par sa communion avec l'audience et l'énergie qu'il y dégage pose les jalons d'un nouveau genre dont on lui attribuera à posteriori la paternité : le soul.
Fin 1963, Sam Cooke est l'un des artistes noirs les plus populaires de tous les temps. L'aisance économique due au succès, alors exceptionnelle pour un afro-américain, lui permet d'envisager sérieusement l'indépendance totale dans la création artistique. Alors qu'il approche le métier de producteur, le chanteur empreint son travail du contexte socio-culturel de l'époque, particulièrement sensible à l'émergence d'un mouvement de la jeunesse poussé (notamment) par Bob Dylan et son ''Blowin' in the Wind''. C'est ainsi qu'il écrit ''A Change Is Gonna Come'', considérée par beaucoup comme son chef d'oeuvre. Le titre figure sur le 16è album du chanteur, Ain't that Good News. C'est durant ces mêmes sessions que Cooke enregistre ''Shake'', un titre pop résolument tourné vers le grand public.
C'est à ce moment, qui semblait annoncer un tournant de carrière, que Sam Cooke est mystérieusement retrouvé mort le 11 décembre 1964 dans un motel californien. L'enquête des autorités, impliquant la propriétaire de l'établissement et une prostituée, a officiellement abouti à la conclusion d'un meurtre excusé par la légitime défense. Le chanteur, furieux de la disparition de sa compagne d'un soir, aurait effrayé et violenté la responsable du motel à un point qu'elle fut excusée d'avoir usé de son arme à feu pour se protéger. Le flou entourant le règlement de l'histoire a largement encouragé la polémique autour d'une mort qui choqua profondément la communauté afro-américaine. Sam Cooke fut enterré au cimetière de Forest Lawn, en Californie.
Au delà de l'ensemble des artistes soul (Otis Redding, The Supremes, Al Green pour n'en citer que trois), dont les destins sont liés de façon obligée à celui de Sam Cooke (comme ils le sont à celui de James Brown), nombreux sont ceux et celles qui se réclament du chanteur : les rockeurs (The Animals, Simon & Garfunkel, Van Morrison, James Taylor, The Beatles (John Lennon en particulier), John Mayer, Bruce Springsteen, The Band, Terry Reid, Steve Perry ; les rappeurs (Tupac, Nas, Joe Budden, The Roots) ; et le réalisateur Spike Lee.
Il est élu au panthéon du rock en 1986
''Bring It on Home To Me''
Chansons essentielles (par date de parution)
Albums recommandés
Lien externe
Les genres en relation avec Sam Cooke
Sam Cooke est un auteur, compositeur et interprète soul américain. Sa carrière, au summum au début des années 1960 et qui fut brutalement interrompue par sa mort, a fait du chanteur le père spirituel du genre.
Sam Cooke, né à Clarksdale dans l'État du Mississipi en 1931, est l'un des huit enfants d’Annie Mae et Charles Cooke, son père est pasteur baptiste. Alors qu'il est encore tout petit, la famille part s'installer à Chicago en 1933. Dès son plus jeune âge, Sam témoigne d'un goût et d'un talent certains pour le chant, évidemment confiné au genre religieux (la grande influence paternelle aidant). Il fait un temps partie, avec trois de ses frères et soeurs, d'un groupe judicieusement baptisé The Singing Children ; par la suite, adolescent, le jeune Sam rejoint les Highway QC's, groupe gospel local. C'est bien parce qu'il y fait une forte impression qu'on lui propose, à l'âge de 19 ans (1950), de joindre la formation réputée des Soul Stirrers.
Le chanteur, qui a ajouté un "e" à son nom de scène, explose. Gagnant en maturité et en confiance au sein du groupe, il devient une star aux yeux de la communauté noire américaine. Cooke, pourtant, voit au delà de la sphère communautaire: ses premiers contacts avec l'industrie du disque et le succès du groupe lui ont donné l'envie de conquérir un public plus large encore. Ses aspirations sont pourtant incompatibles avec les normes de l'époque ; non seulement Sam est noir, mais il est surtout hors de question de s'émanciper du gospel et de la relation à Dieu qu'il entretient en tant que membre de la très croyante communauté afro-américaine. C'est donc sous le pseudonyme de Dale Cooke qu'il enregistre ''Lovable'' son premier simple solo, en 1956. La supercherie est vite démasquée, et le ton "pop" du titre fait scandale. Art Rupe, le puissant producteur à la tête de 'Specialty Records (le label des Soul Stirrers), n'est pourtant pas hostile par principe à une carrière en solo de Cooke (en qui il pouvait sentir un nouveau Little Richard) ; l'ambition du jeune chanteur et les divergences d'envies finissent par avoir raison de leur relation. Sam Cooke quitte le groupe et son label.
Le label Keen signe le jeune chanteur début 1957. L'affaire se révèle très vite bonne: Sam Cooke enregistre, sous son véritable nom cette fois, ''You Send Me''. Le titre, figurant sur la Face B de son premier simple chez Keen (le label ayant mis en avant, par sécurité, sa reprise de Summertime), rencontre un succès fabuleux. Six semaines passées en tête des ventes R&B et, fait rare pour l'époque, plus grande des ventes Pop pour 3 semaines amènent Cooke à sortir, début 1958, son premier album, éponyme. Durant les deux années qu'il passe chez Keen, Cooke commercialise 4 albums sur lesquels figurent nombre de ses oeuvres les plus marquantes. ''You Send Me'', évidemment, mais aussi ''Wonderful World'', ''Only Sixteen'', ''For Sentimental Reasons'', ''Crazy She Calls Me...'', l'artiste, excellant dans l'écriture et l'interprétation des ballades, adopte une douceur dans le style dont il ne s'émancipera que rarement par la suite.
En 1960, gêné par les marges que lui impose Keen et alors que se multiplient les propositions alternatives, Cooke signe chez RCA Records. Ses premiers albums témoignent de la particularité d'un chanteur tiraillé entre ses origines artistiques (gospel) et ses ambitieuses aspirations (pop). Il adopte un style musical bâtard, sorte de R&B mâtiné de mélancolie (''My Kind of Blues'', 1961) qu'il émaille pourtant parfois d'une énergie qui lui offre plusieurs tubes : ''Chain Gang'', ''Twistin' the Night Away'', et surtout ''Bring It on Home to Me''. L'année 1963 fait ainsi figure de rupture. Il enregistre cette année là son 7ème album pour RCA, Night Beat. L'oeuvre surprend par son traitement instrumental, minimaliste, Cooke ayant décidé de mettre pour la première fois sa voix en avant. Le résultat est d'une efficacité frappante, la force émotive du blues désormais bien connu du chanteur étant sublimée par la puissance de son interprétation. Peu après il enregistre un live d'un concert à Miami ; accompagné par King Curtis et son groupe, le chanteur, par sa communion avec l'audience et l'énergie qu'il y dégage pose les jalons d'un nouveau genre dont on lui attribuera à posteriori la paternité : le soul.
Fin 1963, Sam Cooke est l'un des artistes noirs les plus populaires de tous les temps. L'aisance économique due au succès, alors exceptionnelle pour un afro-américain, lui permet d'envisager sérieusement l'indépendance totale dans la création artistique. Alors qu'il approche le métier de producteur, le chanteur empreint son travail du contexte socio-culturel de l'époque, particulièrement sensible à l'émergence d'un mouvement de la jeunesse poussé (notamment) par Bob Dylan et son ''Blowin' in the Wind''. C'est ainsi qu'il écrit ''A Change Is Gonna Come'', considérée par beaucoup comme son chef d'oeuvre. Le titre figure sur le 16è album du chanteur, Ain't that Good News. C'est durant ces mêmes sessions que Cooke enregistre ''Shake'', un titre pop résolument tourné vers le grand public.
C'est à ce moment, qui semblait annoncer un tournant de carrière, que Sam Cooke est mystérieusement retrouvé mort le 11 décembre 1964 dans un motel californien. L'enquête des autorités, impliquant la propriétaire de l'établissement et une prostituée, a officiellement abouti à la conclusion d'un meurtre excusé par la légitime défense. Le chanteur, furieux de la disparition de sa compagne d'un soir, aurait effrayé et violenté la responsable du motel à un point qu'elle fut excusée d'avoir usé de son arme à feu pour se protéger. Le flou entourant le règlement de l'histoire a largement encouragé la polémique autour d'une mort qui choqua profondément la communauté afro-américaine. Sam Cooke fut enterré au cimetière de Forest Lawn, en Californie.
Au delà de l'ensemble des artistes soul (Otis Redding, The Supremes, Al Green pour n'en citer que trois), dont les destins sont liés de façon obligée à celui de Sam Cooke (comme ils le sont à celui de James Brown), nombreux sont ceux et celles qui se réclament du chanteur : les rockeurs (The Animals, Simon & Garfunkel, Van Morrison, James Taylor, The Beatles (John Lennon en particulier), John Mayer, Bruce Springsteen, The Band, Terry Reid, Steve Perry ; les rappeurs (Tupac, Nas, Joe Budden, The Roots) ; et le réalisateur Spike Lee.
Il est élu au panthéon du rock en 1986
''Bring It on Home To Me''
Chansons essentielles (par date de parution)
1957 |
YOU SEND ME |
1958 |
I LOVE YOU FOR SENTIMENTAL REASONS |
1959 |
EVERYBODY LIKES TO CHA CHA CHA |
1960 |
CHAIN GANG |
1960 |
WONDERFUL WORLD |
1961 |
CUPID |
1962 |
BRING IT ON HOME TO ME |
1962 |
HAVING A PARTY |
1962 |
TWISTIN' THE NIGHT AWAY |
1963 |
ANOTHER SATURDAY NIGHT |
1963 |
FRANKIE AND JOHNNY |
1963 |
LITTLE RED ROOSTER |
1965 |
A CHANGE IS GONNA COME |
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Les genres en relation avec Sam Cooke